Après le premier volet dédié à l’évolution passée et à venir du climat, le deuxième concernant les impacts, l’adaptation et la vulnérabilité au changement climatique, aujourd’hui, nous consacrons ce mardi du climat, au troisième volet du rapport du GIEC qui traite de l’atténuation, en d’autres termes la réduction des émissions de gaz à effet de serre pour limiter le réchauffement climatique.
Ce troisième volet dresse d’abord le bilan des émissions de gaz à effet de serre sur la période 2010-2019.
Le constat est sans équivoque : l’augmentation des émissions de gaz à effet de serre n’a cessé d’augmenter, même si le rythme a légèrement ralenti sur la décennie précédente.
Il apparaît alors difficile d’atteindre les objectifs de l’Accord de Paris, qui sont de limiter la hausse de la température de la Planète à moins de 2°C d’ici la fin du siècle. Pour ce faire, les émissions de CO2 doivent être réduites drastiquement : de 27 à 43% en 2030 et de 63 à 84% en 2050.
Cependant, de multiples stratégies, dans de nombreux pays, à différentes échelles régionales ou locales et dans le secteur privé ont vu le jour pour réduire ces émissions. Indépendamment de ces politiques volontaristes, une baisse significative s’est produite pendant la crise sanitaire mais les effets bénéfiques de cette pause ont rapidement disparu pour repartir à la hausse.
Le 3e volet du 6e rapport fait état des perspectives d’évolution des émissions de gaz à effet de serre par secteur : énergie, transports, bâtiments, industrie, agriculture, usage des terres et alimentation, villes, etc.
Les pistes pour réduire le réchauffement climatique sont multiples. Le rapport explore donc des options de transition justes vers un monde bas carbone par secteur.
Pour ce qui concerne la production d’énergie qui représente à elle seule 34 % des émissions mondiales, la transition doit être majeure avec le déploiement de sources d’énergie peu émettrices en carbone comme l’éolien, le solaire ou l’hydraulique plutôt que l’exploitation d’énergies fossiles telles que le charbon ou le pétrole.
« Les 24 % des émissions mondiales provenant de l’industrie doivent baisser à 0 % , même si le défi est de grande ampleur, il semble « faisable » selon le GIEC, à condition d’« utiliser plus efficacement les matériaux, les réutiliser et les recycler, diminuer les déchets ».
L’agriculture, les forêts, l’usage des terres représentent 22 % des émissions mondiales, « la préservation, une meilleure gestion et une restauration des forêts et autres écosystèmes, comme les marais côtiers, les tourbières, les savanes et prairies » sont les options retenues par le groupe 3 du GIEC. Les consommateurs pourraient aussi favoriser des régimes plus riches en végétaux et consommer moins de viande.
Pour ce qui concerne les transports qui produisent 15 % des émissions mondiales, le GIEC propose aussi des options d’atténuation : développement du télétravail, utilisation de transports moins polluants (transports en commun) ou doux (marche, vélo), électrification des véhicules, etc.
Ces solutions profiteraient à « l’amélioration de la qualité de l’air” et bénéficieraient “à la santé, à l’accès équitable aux transports, à la réduction des embouteillages et à la demande de matériaux ».
Par ailleurs, « la réduction ou le changement de la consommation énergétique et de matériaux » et l’augmentation de la capacité de la ville à capter et stocker du carbone seraient des solutions envisageables pour la construction ou la restauration des bâtiments.
Même si toutes ces options supposent de forts investissements, l’inaction coûterait plus cher que les investissements nécessaires à l’atténuation. « les avantages des scénarios permettant de limiter le réchauffement à 2 °C dépassent les coûts des mesures d’atténuation », indique le GIEC.
L’atténuation demande, en effet, de profondes transformations de nos sociétés, dans tous les secteurs. Selon le GIEC, il faudrait multiplier les efforts d’atténuation par 3 à 6 dans la décennie 2020.
Selon Priyadarshi Shukla, vice-président du groupe 3 du GIEC, il faut rester optimiste, « les bonnes mesures, infrastructures et technologies » pourraient « permettre de réduire de 40 à 70% les émissions de gaz à effet de serre d’ici 2050 ».
A mardi prochain pour un nouveau rendez-vous sur le “climat”.
Retrouvez le résumé iconographique du troisième volet